Elle venait d’avoir 30 ans.
Cette année-là, elle avait officiellement pris le nom de Marilyn Monroe, quitté Hollywood à la recherche d’une légitimité artistique qui lui était refusée, et écrit son premier testament.
Cette photographie fut prise en Angleterre, sur le tournage du film « Le Prince et la Danseuse », dans lequel elle tenait le premier rôle avec Laurence Olivier, également réalisateur du long-métrage. Il avait téléphoné à Joshua Logan, qui avait dirigé Marilyn sur son film précédent, en quête de conseils, et ce dernier lui avait confié : « Ne lui dis pas ce qu’elle doit faire. Elle en sait sûrement davantage sur le jeu d’acteur que n’importe qui. »
Laurence Olivier jugea donc que quelques mots suffiraient, et il demanda à Marilyn « d’être sexy ». Elle passa plusieurs nuits à pleurer, amère et blessée de n’être pas prise au sérieux comme actrice.
J’aime beaucoup cette photographie. Marilyn y est sublime, lumineuse, le visage à demi voilé par ses cheveux et par un étrange trouble qui se dégage de son œil presque clos : est-ce un soupir de plaisir, d’abandon, de tristesse, essaie-t-elle d’échapper aux yeux qui la fixent ? Est-ce qu’elle se dévoile, ou est-ce qu’elle se cache ? Son visage s’enfonce dans le tissu d’un chapeau, mais cela pourrait être un oreiller, ou un nuage ; elle pourrait tout aussi bien être entourée de brume.
Comments